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16/04/2016

L'évasion fiscale est incompatible avec le christianisme

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...en dépit de toutes les contorsions rhétoriques :


 

 

Les porte-parole de la finance contre-attaquent en faveur de l'évasion fiscale. On entend même des financiers improviser des arguments ''chrétiens'' : c'est péché, disent-ils, que de ''jeter en pâture au public'' des noms de gentils évadés !

Cette campagne n'est que du vent. Rappelons les données établies par le CCFD qui est un organisme officiel de l'Eglise catholique :

l'évasion fiscale et les paradis du même nom sont un outrage au civisme élémentaire et à la solidarité, sociale et internationale ;

l'évasion fiscale vole à la société française de 80 à 100 milliards d'euros par an ;

les ménages français détenaient en 2008 plus de 200 milliards d'euros off-shore ;

au niveau mondial, les particuliers cachent 18 500 milliards de dollars dans les paradis fiscaux.

Selon la lettre ouverte protestante aux dirigeants du G20 (juin 2014), ''en 2010 il a été estimé que les pays en développement ont perdu approximativement 850 milliards de dollars en raison de flux financiers illicites.''

De ce point de vue, la théologie considère l'évadé fiscal comme un pécheur objectivement public* – à ceci près que son péché est, par définition, secret.

Extraits du Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise :

<< 195. Le principe de la solidarité implique que les hommes de notre temps cultivent davantage la conscience de la dette qu'ils ont à l'égard de la société dans laquelle ils sont insérés : ils sont débiteurs des conditions qui rendent viable l'existence humaine, ainsi que du patrimoine, indivisible et indispensable, constitué par la culture, par la connaissance scientifique et technologique, par les biens matériels et immatériels, par tout ce que l'aventure humaine a produit. Une telle dette doit être honorée dans les diverses manifestations de l'action sociale, de sorte que le chemin des hommes ne s'interrompe pas, mais demeure ouvert aux générations présentes et futures, appelées ensemble, les unes et les autres, à partager solidairement le même don.

328. Les biens, même légitimement possédés, conservent toujours une destination universelle ; toute forme d'accumulation indue est immorale, car en plein contraste avec la destination universelle assignée par le Dieu Créateur à tous les biens. De fait, le salut chrétien est une libération intégrale de l'homme, libération par rapport au besoin, mais aussi par rapport à la possession en soi: « Car la racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent. Pour s'y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi » (1 Tm 6, 10). Les Pères de l'Église insistent sur la nécessité de la conversion et de la transformation des consciences des croyants [...] en pressant ceux qui s'adonnent à une activité économique et possèdent des biens de se considérer comme des administrateurs de ce que Dieu leur a confié.

329. Les richesses remplissent leur fonction de service à l'homme quand elles sont destinées à produire des bénéfices pour les autres et pour la société [...] Dans la vision de saint Jean Chrysostome, les richesses appartiennent à quelques-uns pour qu'ils puissent acquérir du mérite en les partageant avec les autres. Elles sont un bien qui vient de Dieu : ceux qui le possèdent doivent l'utiliser et le faire circuler, de sorte que les nécessiteux aussi puissent en jouir; le mal consiste dans l'attachement démesuré aux richesses, dans la volonté de se les accaparer. Saint Basile invite les riches à ouvrir les portes de leurs magasins : « Un grand fleuve se déverse, en mille canaux, sur le terrain fertile: ainsi, par mille voies, tu fais arriver la richesse dans les maisons des pauvres ». [...] Le riche, dira plus tard saint Grégoire le Grand, n'est qu'un administrateur de ce qu'il possède ; donner le nécessaire à celui qui en a besoin est une œuvre à accomplir avec humilité, car les biens n'appartiennent pas à celui qui les distribue. Celui qui garde les richesses pour lui n'est pas innocent ; les donner à ceux qui en ont besoin signifie payer une dette.  >>

 

Désigner nommément le pécheur public et accueillir sa repentance était la coutume des premiers siècles chrétiens. Cela se passait le dimanche devant le lieu du culte :

<< Comme il s'agissait de pécheurs publics, la pénitence était publique : l'aveu n'avait pas le sens d'une confidence faite à une personne. Le pénitent manifestait sa volonté de revenir à la communion de l'Eglise et était soumis à un parcours pénitentiel long et laborieux. Pour obtenir le pardon, comme en un "second baptême". Pendant longtemps, cette réconciliation ne pouvait être accordée qu'une seule fois. Aussi des pécheurs attendaient-ils le dernier moment pour se réconcilier avec Dieu par le sacrement de l'Église. Il fallut trouver une nouvelle manière d'assurer le pardon des pécheurs. C'est alors que l'aveu individuel des péchés à un ministre de l'Église (moines, prêtres) devint la règle. La réconciliation était "célébrée" par l'évêque à la fin du carême. Plus tard, l'absolution, prononcée par le prêtre qui avait "entendu" la confession, a suivi l'aveu du péché, le plus souvent immédiatement (mais la pratique de la pénitence publique pour de graves péchés publics a persisté pendant plusieurs siècles : souvenons-nous de Canossa). >>**

 

Sans aller jusqu'à prôner un retour à la coutume antique, récapitulons :

1. la pratique de l'évasion fiscale contredit la pensée sociale chrétienne ;

2. aucun argument ''religieux'' ne saurait esquiver cela ;

3. les irritations de notables (même catholiques) à l'encontre des débats actuels sur les paradis fiscaux ne sont en rien une position catholique.

 

____________

* Précision : je crois n'en connaître personnellement aucun. Cette note est purement générale.

** Le sacrement de réconciliation entre hier et demain (Desclée, 1993).

 

 

paradis fiscaux,évasion fiscale

Jean-Paul Laurens :  L'excommunication.

 

   

Commentaires

> Votre article est écrit avec des arguments forts et irréversibles.
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Écrit par : Alain De Vos / | 16/04/2016

VISER LES BANQUES

> La dénonciation publique des évadés fiscaux pose quand même un problème : ne risque-t-elle pas de provoquer dans le public une simple colère passagère (cette colère étant par ailleurs juste) qui s'évanouira avec de belles promesses jamais réalisées ? Cela s'est déjà malheureusement vu dans un passé récent ("les paradis fiscaux, c'est fini", etc.). De plus, j'ai quelques doutes quant à l'éventuelle contrition des personnes ainsi désignées.
Rappeler (comme vous le faites) l'ampleur de l'évasion fiscale, ce qu'elle coûte aux Etats (et donc aux citoyens) et ce qu'elle a de gravement peccamineux est en revanche plus qu'utile.
Pour lutter contre celle-ci, c'est une volonté politique qu'il faut : celle de réellement interdire les pratiques - souvent formellement légales - qui permettent cette évasion.
A ce propos, j'ai entendu hier sur France-Culture (au journal de 22h) une universitaire évoquer le principal obstacle à cette interdiction : les banques arguent de la nécessité de ces mécanismes (par ailleurs utilisés pour l'évasion fiscale) pour réaliser des opérations "normales" et fort lucratives.
Il semble donc nécessaire que les Etats (et les populations) signifient à ces banques que de tels mécanismes, vu le mauvais usage qui en est fait, doivent être proscrits. Tant pis pour les gains mirifiques que les banques n'y feront plus !
C'est évidemment un combat long et difficile, mais qui me semble valoir la peine.
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Écrit par : Sven Laval / | 16/04/2016

LE RETOUR DES ANNÉES 70

> Quand on est capable de dire que "Amoris Laetitia" nie l'existence du péché on est bien capable de dire que "à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" justifie l'évasion fiscale.
Je suis très triste, j'ai l'impression de revivre les années 70 de ma jeunesse quand tout le monde déformait Vatican II pour lui faire dire ce qui permettait de justifier ses propres turpitudes.
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Écrit par : E Levavasseur / | 16/04/2016

ÉVADÉS

> Après l'évasion fiscale il faudrait aussi parler de l'évasion intellectuelle : tous ces étudiants dont les études ont été financées et organisées par la France et qui partent en faire profiter d'autres pays pour gagner plus d'argent.
La fraternité est la conséquence de la paternité de Dieu, la fraternité se vit par la solidarité et la solidarité est la base du patriotisme lequel n'est en fait que "le fait de vivre un enfant du Père où l'on est."
Et cela c'est en fait le premier de tous les commandements, celui qui contient tous les autres.
C'est un commandement ce n'est pas optionnel.
Il faut donc prier Dieu de nous aider à le vivre
C'est pourquoi Saint-Paul en fait une exhortation: "je vous exhorte avant toute chose que vous priiez pour les gens et les rois (...) cela est une chose bonne et agréable à Dieu".
1e lettre à Timothée chapitre 2.

Je vous en prie, si vous ne pouvez venir le 30 avril au Pèlerinage pour la France, unissez-vous par la prière !
À Buenos Aires un groupe d'Argentins va s'unir par la prière au pèlerinage.
Les Français seront-ils en reste ? quelle honte ce serait.
Ne pas voir le patriotisme sous l'angle de Dieu le Père et donc de la fraternité des hommes c'est comme voir le mariage uniquement comme l'union de deux patrimoines et la sexualité au lieu de le voir comme l'Union du Christ et de l'église.
Le vrai patriotisme c'est l'union de la création qui nous a été confiée, à son créateur et ce par notre action fraternelle qui révèle notre filiation à Dieu dès ici bas.
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Écrit par : E Levavasseur / | 16/04/2016

PATRON

> Mon redoutable patron (pas un gentil… mais c'est l'école Macron : il a fait ses classes chez le même banquier d'affaires) vient ces jours-ci de se lier les mains avec un fonds d’investissement anglo-saxon, via la holding dont ils sont ensemble coactionnaires et qui doit être installée aux Pays-Bas. Un Etat européen qui, comme le rappelle cette semaine, Le Canard enchaîné, « ne taxe pas les dividendes perçus par les holdings ni les plus-values en cas de vente ».
Le « péché » sera certes d’autant plus « public », qu’il sera dénoncé comme tel… Aux dernières nouvelles, les délégués syndicaux de notre entreprise (plus de 2 000 salariés) vont s’y atteler…
Prions pour le pécheur. Et pour ceux qui vont l’appeler à la pénitence !
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Écrit par : Denis / | 16/04/2016

@ Eric

> "Après l'évasion fiscale il faudrait aussi parler de l'évasion intellectuelle : tous ces étudiants dont les études ont été financées et organisées par la France et qui partent en faire profiter d'autres pays pour gagner plus d'argent".
D'un autre côté, si le pays où tu as fait tes études ne t'offre aucun emploi stable, voire pas d'emploi du tout...ça peut se comprendre !
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Écrit par : Feld / | 17/04/2016

PAS LA MÊME CHOSE

> Oui mais le sujet ici est le manque de solidarité, pas la nécessité.
Chercher à gagner sa vie et chercher à gagner plus d'argent ce n'est pas la même chose.
Nous sommes des citoyens libres pas des serfs attachés à la glèbe, nous sommes pas vissés à notre terre nous avons le droit de partir s'il n'y a pas moyen d'y vivre.
Le contraint à l'immigration ne veut pas partir.
Mais celui qui est plus guidé par le profit que par la solidarité se trouve toujours de bonnes raisons d'abandonner ceux qu'il considère comme des poids et se trouve toujours de bonnes raisons de partir (c'est comme le divorce).
La logique du "pire qui est toujours sùr" c'est un manque d'espérance
Ne pas oublier la prière de saint François "là où il y a la peine que je mets de la joie, etc."
Autrement dit nous ne sommes pas fait pour prendre les trains en marche en profitant de ce qui marche bien : nous sommes là pour faire partir des trains.
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/04/2016

ARNAQUE

> Faire comme si les "expatriés" étaient de pauvres hères chassés de France par la nécessité (pourquoi pas par la "dictature socialiste" ?) : c'est une arnaque.
Les expatriés français sont des diplômés de grandes écoles de commerce qui s'essuient les pieds sur la France "pays de cons" et pensent que New York est la capitale du monde.
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Écrit par : Hokupaï / | 18/04/2016

BÉNINOIS

> Pas seulement notre pays :
40 % des médecins béninois sont en Europe, principalement en France....
Je pose la question : est-ce leur devoir ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/04/2016

Eric,

> les médecins béninois sont "pêchés" par des cabinets de recrutement qui les hypnotisent avec des promesses mirobolantes (salaires, conditions de travail, équipements, etc.). Alors, oui, ils devraient rester pour aider leur pays : mais combien ont la foi, celle en Christ pour rester et aimer leur peuple? Je les comprends sans les approuver mais je dis qu'il y a une part de responsabilité qui nous incombe, à nous pays riches qui mettons des numérus clausus à nos étudiants pour ensuite embaucher, moins cher, des étrangers. C'est une nouvelle traite des Noirs.
Comme hier, sur Arte à propos du textile en UE. En Roumanie, il y une industrie textile florissante mais qui perd de la main d’œuvre qualifiée car les salaires restent bas. Au lieu de monter les salaires, les patrons font venir des Asiatiques en masse...
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Écrit par : VF / | 18/04/2016

@ vf

> oui c'est exactement ce que je dis.
mais la foi / l'absence de foi n'expliquent pas tout.
De même, la phrase "les immigrés occupent les emplois que les Français ne veulent pas prendre" est vraie, mais je ne veux pas qu'on l'utilise pour justifier les Français dans leur paresse et leur vanité à ne pas vouloir exercer certains emplois.
J'ai le droit de le dire d'abord parce que c'est vrai, ensuite parce que j'ai occupé des emplois pour lesquels j'étais sur-qualifié et pas franchement agréables plutôt que de rester à attendre le super emploi. J'ai demandé : "mais je ne vais pas prendre la place de quelqu'un ?" Sourire de la fille : "pensez donc !"
La Roumanie se vend : des maisons traditionnelles aux intérieurs en bois peints se démontent et se revendent en morceaux dans les boutiques de déco... Antiquaires et décorateurs se comportent comme des maquereaux et ce n'est pas la première fois (ds les années 50, les fermes françaises vidées de leurs beaux meubles remplacés par du formica).
Tu n'oublies pas ta PAF au pélé ? ;-)
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/04/2016

> ouh la je me suis trompé pour la PAF !
cela dit, cher VF, vous êtes z'invité.
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/04/2016

à Eric:

> PAF ? késako ? et on peut se dire tu depuis le temps que l'on cause sur ce blog, non ?
Et n'étiez-vous pas à Souvigny le 10 avril ?
et j'ai aussi le droit de les défendre et d'accuser le système (structure de péché) car j'ai aussi fait pas mal de boulot "sales" en étant surdiplômé en compagnie de nombre d'immigrés aussi surdiplômés que moi.

à Nicolas:

> Pour ma part, j'ai dit que je comprenais leur choix exactement pour les raisons que vous développez. Mais il est vrai que l'amour du prochain voudrait que le médecin du Bénin reste sur place et se batte pour développer les soins chez lui que d'émigrer. Certes, c'est difficile, la tentation est grande et ce pompage de cerveau est devenu une industrie (notamment avec l'immigration choisie que ce ....... de Sarko a favorisée). Et je ne pensais pas à Ménard, je n'étais pas au courant de sa sortie sur les Béninois.
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Écrit par : VF / | 18/04/2016

MÉDECINS ET AFRIQUE

> Aucun rapport avec Ménard et je ne savais pas qu'il en avait parlé. Mais c'est un pourcentage connu semble-t-il.
[...] Je demande seulement : "est-ce leur devoir ?"
Je veux que la France arrête de piquer ces médecins à un continent qui n'en a déjà pas beaucoup, c'est immoral de notre part et eux, ce n'est pas leur devoir. C'est à nous de nous débrouiller avec notre manque de médecins, nous n'avons pas à piquer ceux des autres sous prétexte que nous avons du fric ; mais il faut de la coopération pour aider au développement.
Ensuite, parlant d'un autre domaine, je dis que je ne veux pas que la France se serve des immigrés pour pallier la paresse et à la vanité de Français qui ne veulent pas faire certains boulots et préfèrent rester au chômage. C'est donc plus aux Français que je m'en prends..

@ PP

> j'aimerais bien connaître votre ami. Il fait ce qu'il faut faire.

@ VF

- avec plaisir !
- Souvigny : non ; qu'est-ce qui s'y passait?
- C'est en effet avec eux que je me suis retrouvé aussi, les "gaulois" qui auraient pu faire ce genre de boulot avec nous restaient dans leur lit visiblement.
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/04/2016

AIDER À DÉVELOPPER LES STRUCTURES

> Pour info, j'en avais déjà parlé en septembre :
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2015/09/18/le-pape-les-migrants-daech-paris-et-moscou-5686739.html
et d'autres fois encore:
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2014/10/28/vatican%C2%A0-invites-par-francois-des-milliers-de-militants-popu-5477938.html
C'est un réel problème là bas et une preuve de notre égoïsme à nous.
Un égoïsme camouflé en accueil (et ça marche).
Il ne s'agit pas de les "comprendre" mais d'aider l'Afrique = bien commun d'un continent.
La vraie générosité, c'est d'aider à développer les structures.
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/04/2016

MÉDECINS, AFRIQUE ETC.

> 'Libé', ce journal typiquement ménardien, en 2007 :
http://www.liberation.fr/futurs/2007/07/20/il-y-a-plus-de-medecins-beninois-en-ile-de-france-qu-au-benin_98611
mais si "idiot utile de l'égoïsme camouflé en générosité"

Manuel Valls:
https://www.youtube.com/watch?v=1FgXnsrtZrA

bourges-magazine en 2008 :http://www.lefigaro.fr/economie/2008/01/11/04001-20080111ARTFIG00325-un-medecin-africain-sur-cinq-exerce-dans-les-pays-riches-.php

l'INA... en 2008 : http://www.ina.fr/video/VDD08001668

c'est donc une question de culture gé.
Pr ma part ce chiffre m'avait frappé quand j'avais lu l'histoire d'Afrique de Lugan.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 19/04/2016

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